Le portage salarial représente une alternative professionnelle qui gagne du terrain en France. Ce statut hybride combine les avantages du salariat et de l’indépendance, offrant aux travailleurs autonomes une solution adaptée aux défis du marché actuel. Alors que le nombre de freelancers augmente constamment, le portage salarial s’impose comme un modèle permettant de sécuriser leurs parcours tout en préservant leur liberté d’action. Cette formule innovante répond aux aspirations des professionnels souhaitant maîtriser leur activité sans subir les contraintes administratives de l’entrepreneuriat classique. Examinons comment ce dispositif transforme le paysage du travail indépendant en France.
Comprendre les fondamentaux du portage salarial
Le portage salarial constitue une relation tripartite entre un travailleur indépendant, une entreprise de portage et des clients. Ce mécanisme permet au freelancer d’exercer son activité en toute autonomie tout en bénéficiant du statut de salarié. Concrètement, le professionnel autonome prospecte et trouve ses missions, négocie ses tarifs et conditions, puis confie la gestion administrative à la société de portage qui établit un contrat de travail.
Cette formule s’est développée progressivement depuis les années 1980, avant d’être officiellement reconnue par la loi du 2 août 2005. Le cadre juridique s’est ensuite renforcé avec l’ordonnance du 2 avril 2015 et la convention collective nationale du portage salarial signée le 22 mars 2017. Ces textes ont apporté une légitimité et une sécurité juridique au dispositif, favorisant son expansion.
Le porté signe deux contrats distincts : une convention de portage avec l’entreprise de portage et un contrat commercial avec chaque client. La société de portage, quant à elle, facture les prestations au client, verse un salaire au porté après déduction des frais de gestion (généralement entre 5% et 10% du chiffre d’affaires) et des charges sociales, puis s’occupe de toutes les formalités administratives.
Pour être éligible au portage salarial, plusieurs conditions doivent être remplies. Le professionnel doit justifier d’une expertise, d’une qualification et d’une autonomie dans la négociation de ses missions et la détermination de ses tarifs. La rémunération minimale est fixée par la convention collective, avec un plancher de 75% du plafond mensuel de la sécurité sociale pour un porté senior, soit environ 2737€ bruts mensuels en 2023.
Le portage salarial s’adresse principalement aux consultants, formateurs, experts métier, développeurs informatiques ou créatifs qui souhaitent exercer leur profession sans créer leur propre structure juridique. Ce statut convient particulièrement aux cadres en transition professionnelle, aux seniors souhaitant valoriser leur expertise, ou aux jeunes diplômés désireux de tester leur activité avant de s’installer définitivement.
Les secteurs d’activité privilégiés
Si le portage salarial était initialement concentré dans les domaines du conseil et de l’informatique, il s’est progressivement étendu à de nombreux secteurs :
- Conseil en management, stratégie et organisation
- Formation professionnelle
- Développement informatique et numérique
- Communication et marketing
- Ressources humaines
- Traduction et rédaction
Cette diversification témoigne de l’adaptabilité du modèle à différents contextes professionnels, faisant du portage salarial une solution polyvalente pour les travailleurs qualifiés souhaitant exercer en toute autonomie sans les tracas administratifs de l’entrepreneuriat traditionnel.
Avantages du portage salarial face aux autres statuts d’indépendant
Le portage salarial présente de nombreux atouts comparativement aux autres formes d’exercice indépendant comme l’auto-entrepreneuriat, la création d’une SARL ou d’une SAS. Cette formule hybride offre un équilibre rare entre sécurité et liberté professionnelle.
L’avantage majeur réside dans la protection sociale complète dont bénéficie le porté. En tant que salarié, il accède au régime général de la sécurité sociale, lui garantissant une couverture maladie optimale, des droits à l’assurance chômage, une retraite calculée sur les mêmes bases que les salariés traditionnels, ainsi qu’une prévoyance complémentaire. Cette sécurité constitue un filet protecteur précieux que les indépendants classiques ne possèdent pas.
Sur le plan administratif, le portage salarial libère le professionnel de nombreuses contraintes. La société de portage prend en charge la facturation, le recouvrement, les déclarations sociales et fiscales, la gestion de la TVA et l’établissement des fiches de paie. Cette délégation administrative permet au porté de se concentrer pleinement sur son cœur de métier et le développement de son activité.
Contrairement à l’auto-entrepreneur soumis à un plafond de chiffre d’affaires (72 600€ pour les prestations de services en 2023), le porté n’a aucune limite de revenus. Il peut ainsi développer son activité sans craindre de franchir un seuil qui l’obligerait à changer de statut. De plus, il conserve une totale indépendance dans la gestion de ses missions, le choix de ses clients et la fixation de ses tarifs.
Le portage salarial offre également une flexibilité appréciable face aux variations d’activité. Le professionnel peut alterner périodes d’intense activité et moments plus calmes sans impact sur son statut. Cette souplesse s’avère particulièrement adaptée aux parcours professionnels contemporains, marqués par une alternance entre différentes formes d’emploi.
En matière fiscale, le porté bénéficie du régime des salariés avec l’abattement forfaitaire de 10% sur ses revenus. Il peut également déduire certains frais professionnels de sa rémunération brute, optimisant ainsi sa situation fiscale tout en restant dans un cadre parfaitement légal et transparent.
Tableau comparatif avec les autres statuts
Face à l’auto-entrepreneuriat, le portage salarial offre une protection sociale supérieure et aucune limitation de chiffre d’affaires, mais implique des frais de gestion. Comparé à une SARL/SAS, il évite les formalités de création et de gestion d’entreprise tout en garantissant l’assurance chômage, mais avec une rémunération potentiellement moins optimisée fiscalement. Par rapport au salariat classique, il apporte une liberté d’organisation et de choix des missions, mais requiert une capacité à prospecter et développer sa clientèle.
Cette comparaison met en lumière la position unique du portage salarial dans le paysage des statuts professionnels : il combine la sécurité du salariat avec l’indépendance de l’entrepreneuriat, tout en évitant les principales contraintes de chaque modèle. Cette hybridation répond aux aspirations actuelles de nombreux professionnels cherchant à sécuriser leur parcours sans renoncer à leur autonomie.
Le fonctionnement pratique du portage salarial au quotidien
Le cycle de vie d’une mission en portage salarial suit un processus bien défini qui permet au consultant de se concentrer sur son expertise métier. Tout commence par la prospection commerciale, entièrement gérée par le porté. Ce dernier identifie des opportunités, contacte des clients potentiels et négocie les conditions de sa prestation, y compris le tarif journalier ou forfaitaire.
Une fois l’accord verbal obtenu avec le client, le consultant contacte sa société de portage pour formaliser la collaboration. L’entreprise de portage établit alors un contrat commercial (ou convention de prestation) avec le client, détaillant la nature de la mission, sa durée, les conditions financières et les modalités de facturation. Parallèlement, elle prépare un contrat de travail pour le porté, généralement un CDD pour mission spécifique ou un CDI pour les collaborations récurrentes.
Durant l’exécution de la mission, le porté travaille en toute autonomie, directement avec le client, sans lien de subordination avec la société de portage. Il rend compte de son activité via des comptes rendus d’activité (CRA) mensuels qui servent de base à la facturation. La société de portage émet alors les factures correspondantes auprès du client.
Après encaissement du règlement du client, la société de portage calcule et verse la rémunération du consultant. Cette rémunération correspond au montant facturé, déduction faite des charges sociales patronales et salariales (environ 50% du montant brut) et des frais de gestion de la société de portage (généralement entre 5% et 10% du chiffre d’affaires). Le consultant reçoit donc un salaire net accompagné d’une fiche de paie conforme à la législation.
Un aspect méconnu mais avantageux du portage salarial est la possibilité de créer un compte d’activité. Ce mécanisme permet au porté d’accumuler une réserve financière issue de son chiffre d’affaires, qu’il pourra utiliser ultérieurement pour lisser ses revenus pendant les périodes creuses ou financer certaines dépenses professionnelles.
La gestion des frais professionnels
Les frais professionnels font l’objet d’un traitement spécifique en portage salarial. Le consultant peut se faire rembourser ses dépenses professionnelles (déplacements, hébergement, repas d’affaires, matériel informatique, etc.) sur présentation de justificatifs. Ces frais sont soit directement refacturés au client, soit imputés sur le compte d’activité du porté.
Deux options s’offrent généralement au porté pour la gestion de ces frais :
- Le remboursement sur justificatifs, exonéré de charges sociales dans les limites fixées par l’URSSAF
- L’intégration dans la rémunération brute, soumise aux charges sociales mais potentiellement avantageuse pour les droits sociaux futurs
Cette flexibilité dans la gestion des frais professionnels constitue un atout significatif du portage salarial, permettant une optimisation adaptée à chaque situation personnelle.
L’organisation du temps et la relation client
L’un des principaux avantages du portage salarial réside dans la liberté d’organisation du temps de travail. Le porté détermine lui-même son calendrier, ses horaires et son lieu de travail, en accord avec les exigences de sa mission. Cette flexibilité lui permet de concilier vie professionnelle et personnelle selon ses priorités.
Dans la relation avec le client, le porté agit comme un véritable prestataire indépendant. Il est l’unique interlocuteur technique et commercial, la société de portage n’intervenant que pour les aspects administratifs et contractuels. Cette configuration préserve l’image professionnelle du consultant tout en lui offrant la sécurité du statut salarial.
Ce fonctionnement quotidien illustre parfaitement l’équilibre que propose le portage salarial : une indépendance opérationnelle couplée à une sécurisation administrative et sociale. Cette formule permet au professionnel de se concentrer sur son expertise et le développement de son activité, sans s’encombrer des contraintes administratives inhérentes à l’entrepreneuriat traditionnel.
Comment choisir sa société de portage salarial
La sélection d’une société de portage adaptée représente une étape déterminante dans le parcours du consultant porté. Face à la multiplication des acteurs sur ce marché – plus de 300 entreprises en France – plusieurs critères objectifs méritent une attention particulière.
La solidité financière de l’entreprise constitue un premier indicateur fondamental. Une analyse des comptes annuels, du niveau de capitalisation et de l’ancienneté de la structure permet d’évaluer sa pérennité. Une société établie depuis plusieurs années, affichant des résultats stables ou en progression, offre davantage de garanties qu’une structure récente ou aux finances fragiles.
Le taux de frais de gestion pratiqué varie généralement entre 5% et 10% du chiffre d’affaires hors taxes. Ce pourcentage doit être mis en perspective avec les services proposés. Une commission plus élevée peut se justifier par un accompagnement personnalisé, des outils digitaux performants ou des avantages complémentaires. À l’inverse, un taux anormalement bas peut masquer des carences dans le service ou des coûts cachés.
La convention collective appliquée par la société de portage influence directement les conditions de travail du porté. Depuis mars 2017, une convention collective spécifique au portage salarial existe, mais certaines entreprises peuvent appliquer d’autres conventions, parfois moins avantageuses. Il convient de vérifier les dispositions concernant les minima salariaux, les congés payés, la prévoyance ou la formation professionnelle.
L’accompagnement proposé varie considérablement d’une structure à l’autre. Certaines sociétés de portage offrent un suivi personnalisé avec un consultant dédié, tandis que d’autres privilégient une approche plus standardisée. Les services complémentaires constituent également un critère de différenciation : formations, outils de gestion en ligne, assistance juridique, espaces de coworking, événements de networking, aide à la prospection commerciale.
La réactivité et la disponibilité des équipes administratives s’avèrent cruciales au quotidien. La capacité à obtenir rapidement une réponse à ses questions, l’émission rapide des contrats et factures, ou la célérité des remboursements de frais contribuent significativement à la qualité de l’expérience du porté.
Questions à poser avant de s’engager
Pour effectuer un choix éclairé, le futur porté devrait poser plusieurs questions précises :
- Quelles certifications ou labels la société possède-t-elle ? (PEPS, ISO 9001, etc.)
- Quel délai entre la facturation client et le versement du salaire ?
- Comment sont gérés les impayés clients ?
- Quelles assurances professionnelles sont incluses ?
- Existe-t-il une avance sur salaire avant le paiement du client ?
Ces interrogations permettent d’évaluer le professionnalisme de la structure et sa capacité à protéger les intérêts du porté.
L’importance des retours d’expérience
Les témoignages d’autres consultants portés constituent une source d’information précieuse. Les réseaux professionnels, forums spécialisés ou plateformes d’avis permettent de recueillir des retours d’expérience concrets sur les pratiques réelles des sociétés de portage. Ces avis offrent souvent un éclairage plus nuancé que les promesses commerciales.
Au-delà des critères objectifs, la compatibilité avec la culture d’entreprise et les valeurs de la société de portage mérite considération. Certaines structures privilégient une approche communautaire favorisant les échanges entre portés, tandis que d’autres se concentrent exclusivement sur l’efficacité administrative. Cette dimension relationnelle peut influencer significativement la satisfaction à long terme.
Un entretien préalable avec plusieurs sociétés permet de confronter les offres et d’identifier celle qui correspond le mieux aux besoins spécifiques du consultant. Cette démarche comparative, bien que chronophage, constitue un investissement judicieux pour une collaboration durable et fructueuse.
Les perspectives d’évolution du portage salarial en France
Le portage salarial connaît une croissance constante depuis sa reconnaissance légale. Avec un chiffre d’affaires sectoriel estimé à plus de 1,5 milliard d’euros en 2022 et environ 100 000 consultants portés, cette formule s’impose progressivement comme une alternative crédible dans le paysage professionnel français.
Les transformations du marché du travail favorisent l’expansion du portage salarial. La montée en puissance du travail par projet, la recherche de flexibilité tant par les entreprises que par les travailleurs, et la valorisation croissante de l’expertise externe créent un terreau favorable. Les organisations adoptent de plus en plus une approche mixte, combinant salariés permanents et consultants externes pour s’adapter aux fluctuations de leur activité.
L’évolution démographique joue également en faveur du portage. Les seniors constituent une part significative des consultants portés, trouvant dans ce statut un moyen de valoriser leur expertise tout en préparant une transition progressive vers la retraite. Parallèlement, les jeunes générations, plus enclines à privilégier l’autonomie et le sens dans leur travail, découvrent dans le portage une alternative au salariat traditionnel sans les risques inhérents à l’entrepreneuriat pur.
Sur le plan réglementaire, le cadre juridique continue de se préciser. Après l’ordonnance de 2015 et la convention collective de 2017, de nouvelles dispositions viennent régulièrement affiner les contours du dispositif. Cette stabilisation juridique rassure tant les professionnels que les entreprises clientes, contribuant à la normalisation du recours au portage salarial.
Les innovations technologiques transforment également le secteur. Les plateformes digitales facilitent la mise en relation entre consultants et clients, tandis que les outils de gestion en ligne simplifient le suivi administratif. Certaines sociétés de portage développent des applications mobiles permettant aux portés de gérer leur activité en temps réel, témoignant de la modernisation du secteur.
Les défis à relever
Malgré ces perspectives favorables, plusieurs défis restent à surmonter pour assurer le développement pérenne du portage salarial :
- La méconnaissance du dispositif par de nombreuses entreprises et professionnels
- La concurrence d’autres formes d’emploi comme le freelancing via des plateformes
- Les questions de protection sociale face aux évolutions des régimes de retraite
- L’adaptation aux nouvelles formes de travail (nomadisme digital, travail à l’international)
Le secteur doit également faire face à certaines dérives, comme l’apparition de structures pratiquant des taux de commission excessifs ou ne respectant pas pleinement la réglementation. Cette situation appelle à une vigilance accrue et potentiellement à un renforcement des contrôles.
L’internationalisation du portage
L’une des tendances émergentes concerne l’internationalisation du portage salarial. De plus en plus de consultants aspirent à travailler pour des clients étrangers tout en conservant leur rattachement au système social français. Certaines sociétés de portage développent des solutions adaptées, notamment via des filiales dans d’autres pays européens ou des partenariats internationaux.
Cette dimension internationale ouvre de nouvelles perspectives, mais soulève également des questions complexes en matière de droit du travail, de fiscalité et de protection sociale. Les évolutions réglementaires européennes pourraient progressivement faciliter ces pratiques transfrontalières.
En définitive, le portage salarial semble promis à un développement significatif dans les prochaines années, porté par les mutations profondes du monde du travail et la recherche d’équilibre entre sécurité et autonomie. Son adaptabilité aux nouvelles aspirations professionnelles en fait un modèle particulièrement en phase avec les tendances contemporaines.
Réussir sa transition vers le portage salarial : conseils pratiques
Embrasser le portage salarial représente un changement significatif qui nécessite une préparation minutieuse. Cette transition réussie repose sur plusieurs piliers fondamentaux qui détermineront la viabilité et la satisfaction dans ce nouveau mode d’exercice professionnel.
L’évaluation précise de son positionnement sur le marché constitue la première étape décisive. Le futur porté doit identifier clairement son expertise, analyser la demande pour ses compétences et déterminer un tarif journalier cohérent avec les standards du secteur. Cette analyse de marché permet d’estimer le volume d’activité potentiel et donc les revenus envisageables.
La construction d’une stratégie commerciale adaptée s’avère indispensable. Contrairement au salarié traditionnel, le consultant porté doit développer et entretenir son portefeuille clients. Cette démarche commerciale implique de définir son offre de services, d’identifier ses cibles privilégiées, et de mettre en place des actions de prospection efficaces : réseautage, présence sur les plateformes spécialisées, activation de son réseau professionnel, communication sur les réseaux sociaux.
La gestion financière prudente représente un facteur clé de succès. Le passage au portage implique généralement une irrégularité des revenus qu’il convient d’anticiper. La constitution d’une réserve financière couvrant au minimum trois mois de charges personnelles offre un filet de sécurité pendant la phase de lancement ou lors des périodes d’intermission. Parallèlement, l’élaboration d’un prévisionnel financier réaliste permet de piloter son activité avec discernement.
L’acquisition de nouvelles compétences s’impose souvent dans ce parcours. Au-delà de l’expertise technique, le consultant porté doit développer des aptitudes commerciales, des capacités de négociation et une aisance relationnelle. La maîtrise des fondamentaux juridiques et financiers liés à son activité constitue également un atout précieux. De nombreuses sociétés de portage proposent des formations pour accompagner cette montée en compétences.
La construction d’une identité professionnelle forte participe au succès de cette transition. Le consultant doit soigner sa présence en ligne (LinkedIn, site personnel, portfolio) et élaborer un discours clair sur sa proposition de valeur. Cette démarche de personal branding facilite la visibilité auprès des clients potentiels et renforce la légitimité professionnelle.
Témoignage de réussite en portage salarial
L’expérience de Marc D., consultant en transformation digitale, illustre un parcours réussi en portage salarial. Après quinze ans comme directeur de projets dans un grand groupe, il a opté pour le portage salarial afin de diversifier ses interventions. Sa transition s’est appuyée sur trois facteurs clés : l’activation méthodique de son réseau professionnel, un positionnement précis sur des problématiques de conduite du changement, et une collaboration étroite avec sa société de portage pour optimiser ses conditions d’exercice. Trois ans après cette reconversion, son chiffre d’affaires dépasse ses anciens revenus salariés, avec une qualité de vie professionnelle significativement améliorée.
Les erreurs à éviter
Certains écueils jalonnent fréquemment le parcours des nouveaux portés :
- Sous-estimer l’importance de la prospection commerciale continue
- Fixer des tarifs trop bas par crainte de perdre des opportunités
- Négliger la diversification du portefeuille clients, créant une dépendance risquée
- Omettre de budgétiser les périodes d’intermission dans son prévisionnel
- Isolement professionnel, privant le consultant d’opportunités d’affaires et d’échanges enrichissants
La conscience de ces pièges potentiels permet d’adopter une approche préventive et d’augmenter significativement les chances de réussite.
L’équilibre entre vie professionnelle et personnelle mérite une attention particulière dans cette transition. L’autonomie offerte par le portage salarial peut paradoxalement conduire à un surinvestissement professionnel. Établir des frontières claires, structurer son temps et préserver des plages dédiées à la récupération contribue à la pérennité de l’activité et au bien-être global du consultant.
L’intégration dans une communauté de pairs constitue un accélérateur souvent négligé. Certaines sociétés de portage organisent des événements favorisant les échanges entre consultants, créant ainsi des opportunités de collaboration et de partage d’expériences. Ces interactions nourrissent la réflexion professionnelle et rompent l’isolement inhérent à l’exercice indépendant.
La transition vers le portage salarial représente donc un processus multidimensionnel qui dépasse largement les aspects administratifs. Cette transformation professionnelle mobilise des compétences variées et implique une redéfinition de son rapport au travail. Lorsqu’elle est méthodiquement préparée et exécutée, cette évolution peut conduire à un épanouissement professionnel remarquable, combinant liberté d’action et sécurité statutaire.
Le futur du travail indépendant passe par le portage salarial
Le monde du travail traverse une mutation profonde, caractérisée par une aspiration croissante à l’autonomie professionnelle couplée à un besoin de sécurisation des parcours. Dans ce contexte évolutif, le portage salarial émerge comme une réponse adaptée aux enjeux contemporains, incarnant une troisième voie entre salariat traditionnel et entrepreneuriat pur.
Les statistiques révèlent une progression constante du nombre de travailleurs indépendants en France, avec plus de 3,5 millions de personnes exerçant sous ce statut en 2022. Cette tendance reflète une transformation structurelle du marché du travail, où la carrière linéaire au sein d’une même organisation cède progressivement la place à des parcours plus diversifiés et discontinus.
Le portage salarial répond précisément aux attentes des travailleurs du savoir qui constituent une part grandissante de la population active. Ces professionnels valorisent leur expertise sur un marché qui privilégie de plus en plus les compétences spécialisées et l’adaptabilité aux évolutions rapides. Leur recherche d’autonomie dans l’organisation de leur travail et le choix de leurs missions trouve dans le portage une formule adaptée.
Pour les entreprises, le recours aux consultants en portage salarial présente des avantages stratégiques majeurs. Cette approche leur permet d’accéder à des expertises pointues sans engagement permanent, de moduler leurs ressources en fonction des besoins spécifiques de chaque projet, et de bénéficier d’un regard externe souvent précieux. La sécurisation juridique qu’offre le portage par rapport à d’autres formes de collaboration indépendante constitue un atout supplémentaire dans un contexte de vigilance accrue sur les risques de requalification.
Le portage salarial s’inscrit pleinement dans l’économie collaborative émergente, où la valeur se crée davantage par l’agilité des organisations et la circulation des talents que par des structures rigides. Ce modèle facilite la constitution d’équipes projet temporaires, rassemblant des expertises diverses autour d’objectifs communs, puis se reconfigurante selon les besoins.
Une réponse aux aspirations contemporaines
Au-delà des considérations économiques, le portage salarial répond à des aspirations sociétales profondes. La quête de sens au travail, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et le désir d’autonomie sans précarité constituent des motivations majeures pour les professionnels d’aujourd’hui.
Une étude menée en 2022 par le PEPS (Professionnels de l’Emploi en Portage Salarial) révèle que 87% des consultants portés se déclarent satisfaits ou très satisfaits de leur statut, principalement en raison de la liberté d’organisation, de la diversité des missions et de la sécurité procurée par le cadre salarial. Cette satisfaction témoigne de l’adéquation du modèle avec les attentes professionnelles contemporaines.
Les évolutions technologiques facilitent par ailleurs l’exercice en portage salarial. Les outils collaboratifs, le cloud computing et les plateformes de mise en relation permettent aux consultants de travailler efficacement à distance, élargissant considérablement leur marché potentiel. Cette dimension numérique contribue à l’attractivité du portage pour une nouvelle génération de professionnels familiers avec ces environnements digitaux.
Vers un écosystème professionnel hybride
L’avenir du travail semble s’orienter vers un écosystème hybride où coexisteront diverses formes d’emploi adaptées aux besoins spécifiques de chaque individu et organisation. Dans cette configuration, le portage salarial occupera une place significative, particulièrement pour les profils qualifiés souhaitant exercer leur expertise avec autonomie tout en bénéficiant d’une protection sociale solide.
Les pouvoirs publics commencent à reconnaître l’importance de ces nouvelles formes d’emploi dans la dynamique économique. Le rapport Frouin remis au gouvernement en 2020 soulignait la pertinence du portage salarial comme solution pour sécuriser le travail indépendant. Cette reconnaissance institutionnelle devrait contribuer à renforcer la légitimité et la visibilité du dispositif.
Le portage salarial représente ainsi bien plus qu’un simple statut juridique : il incarne une vision moderne du travail, où l’autonomie ne s’oppose plus à la sécurité, où l’expertise individuelle s’exprime pleinement tout en s’intégrant dans des projets collectifs, où la flexibilité sert tant les intérêts des professionnels que ceux des organisations.
Cette formule, encore méconnue il y a quelques années, s’impose progressivement comme un modèle d’avenir, répondant aux défis d’un marché du travail en profonde transformation. En réconciliant les aspirations individuelles à l’autonomie avec le besoin collectif de sécurisation des parcours professionnels, le portage salarial contribue à l’émergence d’un nouveau contrat social adapté aux réalités économiques contemporaines.
